Araignée du soir, trop tard...

La route avait été longue jusqu'à l'arène qui ne désirait apparemment pas montrer un bout de son imposante construction. La douleur s'était un peu dissipée mais restée néanmoins dur à supporter.
Il repensait tranquillement à ce combat, repensant à son frère qu'il aurait voulu retrouver autrement que dans un combat de ce genre. Il se retenait de pleurer tellement il trouvait cela bête.

L'arène était toute proche et semblait encore ouverte, heureusement pour lui. Les deux gardes de l'entrée le firent rentrer sans problème, en n'oubliant pas de lui indiquer que si il était recherché, une fois à l'intérieur de l'arène, les chasseurs de primes n'avaient plus aucun droit, par contre en dehors... Le jeu redevenait le même, fuir, combattre ou perdre.
L'intérieur était banal, les murs et le sol étaient recouvert de pavé clair et quelques flambeaux ornaient les murs.

Il y avait déjà quelques personnes, comptant surement le personnel et les combattants. Une jeune femme le mena jusqu'à ce qu'on pouvait nommer une cellule mais qui n'en étais rien par la chaleur et les couleurs qui s'en dégageaient. La pièce était organisée comme une petite chambre. Il s'assit sur le lit et regarda à travers la fenêtre. Le temps s'était un peu plus couvert et les étoiles n'étaient plus visible. Un soupir accompagna cette vue jsuqu'à ce qu'il se décide à se bouger un peu. Son bandage avait un peu bougé et il fallait en plus qu'il s'en fasse un pour son cou maintenant envahit par cette horrible cicatrice.

Seijaku enleva sa veste et sa chemise avant de défaire son bandage qui s'était un peu déchiré face aux coups que lui avait porté Makkura. Sortant un gros rouleau, il se prépara à faire ce sale boulot, refaire son bandage est quelque chose qui l'énervait et qui lui prenait du temps. Prenant une bonne longueur il commenca vainement à faire le tour de sa poitrine, se fichant qu'on le voit ainsi, ayant pris l'habitude de se considérer lui même comme un garçon. Il fit le premier à la va-vite, le serrant assez fort puis se mit à faire le tour de son cou avec le ruban blanc.

*Si ça continu, je vais devenir une vraie momie...*

Le bandage n'était pas vraiment utile quand la blessure ne saignait pas, mais c'était plus pour la cacher qu'autre chose, il se sentait mal à l'aise de dévoiler une telle horreur parcourant tout son corps. Il se dégoutait lui même, cette cicatrice lui donnant une peau blanche, fade et fragile.
Il se recoucha sur le lit et se mit à jouer avec sa plume, la tortillant autour de son doigt, la faisant voleter, il ne trouverait pas le sommeil tout de suite alors autant... S'occuper. Tout en continuant son manège, il observa le plafond où une araignée, insecte répugnant à ses yeux, enveloppait dans son piège une pauvre mouche qui était arrivée au mauvais moment. Seijaku fit une mine dégouté mais n'arriva pas à détourner son regard de cette scène.

-"Un hôte... Pitoyable..."

Lorsque Sakuko avait passé la porte de l’arène pour la première fois, il avait l’intention de n’être qu’un simple spectateur – et le restait en quelque sorte la majorité du temps. Du moins ne participerait-il pas à ces violences gratuites et injustifiées. ‘Manquerait plus que ça. On est pacifique ou on ne l’est pas, après tout. Et puis, beaucoup plus tôt dans la journée, il avait été confronté à une scène remarquablement révoltante, et, bien qu’il soit intervenu pour empêcher ce marin sans scrupules de voler la petite fille, il s’était quand même trimbalé une nausée relativement désagréable. Comme quoi, il lui faudrait encore un temps d’adaptation pour s’habituer à la loi du plus fort des grandes villes, et par-là même à la misère, à l’injustice et.. Non. Pas pour s’habituer. Mais du moins faire son possible pour changer quelque chose et par-là même se sentir un peu moins malade devant elle. Mais là, nous nous écartons du sujet, aussi concentrons-nous de nouveau sur la première phrase qui désignait le jeune elfe comme désireux de ne venir assister au tournoi qu’en simple spectateur. Ce qui n’était plus vraiment le cas, désormais, même s’il assisterait aux combats.

Soucieux de se renseigner sur les coutumes et sur la raison de l’organisation de ces combats, il avait été aborder une jeune fille qui s’attelait à positionner les chaises dans les gradins – les spectateurs et les candidats affluaient déjà, à vrai dire – pour lui poser une ou deux questions relatives à ses interrogations, et celle-ci lui expliqua grosso modo, très gentiment malgré le dérangement engendré, pour ensuite soupirer de dépit en râlant contre le nombre de participants, beaucoup plus importants qu’ils ne l’avaient prévus. Ils engagèrent une conversation anodine, le châtain aidant même la jeune fille dans son travail, et, par un enchaînement fortuit du destin, Sakuko finit par se faire enrôler en tant qu’infirmier ou quelque chose dans ce style, passant devant le Big Boss de l’arène, obtenant la promesse – inutile – de quelques pièces en échange de son travail. L’elfe n’hésita pas longtemps pour accepter, ayant choisi de devenir Mage Blanc pour aider les gens, et une heure, ou peut-être deux, plus tard, après avoir fait la connaissance de toute l’équipe, ce genre de trucs, Sakuko se tenait assis dans une pièce de repos, mangeant des cacahuètes en lisant un bouquin quelconque.

« Sakuko ? » l’interpella alors l’un de juges en passant sa tête par la porte, lui adressant un sourire amical tandis que le châtain relevait la tête à son rythme, curieux bien que conservant une mine tranquille. « Kaori vient de m’informer qu’un participant relativement mal en point venait d’arriver. Elle l’a amené dans une chambre pour qu’il se repose, mais ce serait bien si tu t’en occupais maintenant. Aoi est déjà occupée à soigner le bourrin de tout à l’heure, et vu qu’on s’est engagé à ne faire participer que des gens en forme.. » rajouta-t-il, l’air vaguement ennuyé, et l’interpellé hocha la tête en se relevant, assurant qu’il allait s’en charger. Il ne lui fallut que quelques minutes pour trouver la pièce assignée au jeune homme en question, et, frappant poliment un ou deux coups à la porte, il l’ouvrit de sa main gauche pour s’appuyer sur le chambranle à l’aide de la droite, posant ses yeux sur le brun qui, allongé torse nu sur son lit, ressemblait davantage à une momie qu’à un adolescent, en effet. « Je dérange ? » demanda-t-il poliment en un premier temps, ne souriant bien évidemment pas mais son air tranquille et serein se montrait assez sympathique pour justifier son absence.

Trop absorbé par l'araignée qui commencait à dévorer la pauvre mouche, il n'entendit pas les deux coups frappés à la porte et ne vit pas tout de suite la personne qui apparut à la porte. Ce n'est qu'après avoir compris qu'on lui parlait qu'il décida de se sortir de cette scène dégoutante. Il observa d'un oeil désinterressé la personne puis l'observa plus attentivement. On aurait dit une femme, mais il n'en était pas vraiment sur, surement son timbre de voix qui prouvait le contraire. Mais ce n'était qu'une suggestion et il le doute était là mais il n'allait certainement pas lui poser la question.

Seijaku regarda un peu plus la personne, indifférent avant de se décider à répondre, un peu fatigué.

-"Hum... Non pas du tout..."

A vrai dire, il s'ennuyait et un peu de compagnie lui ferait le plus grand bien tant qu'il n'essayait pas de le tuer comme son cher frère chéri. Puis, alors qu'il continuait de scruter ce personnage, il remarqua quelque chose, c'était moins fort qu'avec l'autre femme qui l'avait sauvagemment attaqué, mais il y avait quelque chose. Est-ce que lui aussi serait ? Si c'était le cas, ce n'était vraiment pas son jour. Mais il n'était peut-être pas comme les autres, son aspect plutôt calme ne semblait même pas avoir remarqué qu'il était le fameux hôte tant recherché et blabla. Cette histoire l'exaspérée et il espérait qu'on le laisse tranquille pour le moment. De toute manière, les gardes l'avaient prévenu, personne ne pouvait toucher aux recherchés dans cet endroit. Mais il n'était pas totalement rassuré et savoir qu'un autre hôte était ici ne disait rien de bon. Toute cette histoire allait partir en sucette si je puis dire.

Se rendant compte qu'il laissait à vu ses nombreux bandages, il renfila vite fait sa chemise, espérant que sa cicatrice soit bien cachée ainsi.

-"Et tu es ? Enfait, sais-tu vraiment ce que tu es ?"

Il avait posé cette question naturellement, se rappellant que lui non plus ne savait pas avant aujourd'hui qu'il était lui même un hôte, peut-être était-ce son cas à lui aussi. Il ne l'espérait pas. Pour l'autre, c'était toujours difficle de comprendre une telle chose et de le digérer après. Ce que Seijaku n'avait pas encore réellement réussit à faire.

Sakuko cilla devant le silence qui lui répondit, se demandant un instant s’il devait réitérer sa demande au risque de froisser son interlocuteur ou patienter encore un instant. Quoique, rester planter dans l’encadrement de la porte à fixer le brun de son sempiternel air calme pouvait aussi passer pour de l’arrogance voire de la condescendance, aussi s’apprêtait-il à se répéter lorsque le jeune homme se décida enfin à détacher son regard du plafond qu’il fixait pour une raison sibylline, croisant le sien avec semblait-il du désintérêt. Ne s’y attardant pas, le châtain le salua d’un signe de tête poli, avant de se redresser à sa réponse qui, cette fois-ci, ne se fit pas attendre. Le jeune elfe récupéra alors sa main droite et entra dans la pièce en refermant poliment la porte derrière lui, quoique laissant un mince filet d’ouverture par politesse. Pour prouver en quelque sorte qu’il venait pacifiquement ; parce qu’il pensait l’adolescent paranoïaque, mais savait-on jamais. D’après Aoi, sa collègue temporaire, certains combattants étaient tellement sur les nerfs qu’ils s’énervaient facilement et frappaient tout ce qui leur passait sous la main. Et Sakuko ne tenait pas tant que ça à être de ceux-là, pour ne pas dire pas du tout. Il tenait à sa santé physique..

Lorsqu’il releva les yeux vers le brun, celui-ci avait cessé de l’examiner pour se rhabiller. Et tandis que le châtain l’observait faire, il se demanda s’il ne serait peut-être pas préférable de l’arrêter, puisque bon, pour le soigner, il devait évaluer les blessures. Mais bon, le temps de se décider, le jeune homme avait déjà enfilé sa chemise et s’attelait déjà à lui poser des questions qu’il ne releva tout d’abord pas. « Tant pis. » murmura-t-il tout d’abord pour lui-même, s’essuyant inutilement ses paumes sur son pantalon, avant de relever des yeux surpris vers son vis-à-vis, comprenant enfin sa phrase. C’était.. originale, comme question, et le gosse eut au moins l’honneur de l’entendre rire, brièvement et discrètement, mais un rire tout de même. Ce qui ne signifia pas, bien évidemment, que Sakuko se mit à sourire ensuite, au contraire. Ses traits paraissaient amusés, tout au plus. « Eh bien, je suis composé de 206 os, à peu de choses près, d’un quadrillion de bactéries, de globalement un octillion d’atomes, et de je suppose encore bien d’autres choses. Par conséquent, il y a forcément quelques parties de moi que j’ignore.. Un ulcère, ou même un cancer, qu’en sais-je ? » répondit-il en hochant la tête, clairement malicieux malgré son absence de sourire.

« Je m’excuse alors de ne pouvoir clairement t’énumérer ce que je puis être, mais je peux néanmoins te contenter d’un prénom : Sakuko. » se présenta-t-il enfin en s’approchant de lui pour observer poliment son visage puis son cou, qui, partiellement dissimulé sous un bandage, l’empêchait de voir la profondeur d’une éventuelle blessure. « Je suis assigné au poste d’infirmier le temps du tournoi. » précisa-t-il, expliquant dés lors son geste et son éventuelle indiscrétion. « Enfin, je ne peux t’obliger à rien, mais l’on m’a soufflé que tu paraissais mal en point en arrivant ainsi. Je peux me permettre de te demander d’enlever ta veste ? » demanda-t-il enfin, cash, ne s’attardant à rien d’inutile. Il n’était pas contre de la conversation, et ne doutait pas de sa mémoire, mais il ne pensait pas non plus se rappeler le prénom de ce participant le lendemain s’il papotait ainsi avec toutes les personnes qu’il sera susceptible de devoir soigner. Et ce, même si une espèce de sentiment indicible était né en lui à la proximité de cet adolescent pour une raison inexplicable. Mais là encore, il ne releva pas ; la pièce était restée longuement fermée, l’odeur devait le mettre mal à l’aise, tout simplement.

Seijaku haussa un sourcil alors que l'autre personne se mettait à répondre à sa question d'une manière dont il ne s'attendait pas. Non vraiment pas. Ce n'est pas vraiment ce qu'il attendait comme réponse et il se fichait un peu qu'il ai je ne sais plus combien d'os. Il laissa faire, restant tout de même surpris et un peu désemparé.
Il fallait tout de même avouer qu'il l'avait bien eu sur ce coup là et il ne manquait de le lui faire remarquer par un petit sourire amusé. Ca n'allait pas se passer comme ça.

Sakuko, c'était son nom, enfin ce qu'il pouvait très bien faire croire mais vu qu'il incarnait une certaine innoncence et il ne devait pas se sentir concernait par tout ce qui se passait autour. Le nom pour Seijaku, était quelque chose de rpécieux qu'il ne fallait pas donner à n'importe qui, surtout dans ce monde où un malheur arrive si vite. Ne voulant pas rester un simple inconnu, il se présenta à son tour, donnant le premier nom qui lui venait à l'esprit.

-"Makkura..."

Non, il n'avait pas trouvé autre chose que son nom à lui. Et il s'en voulait, son coeur se serrant un peu et ses sourcils se froncant un peu plus. Qu'il se sentait bête. Mais le mal était fait et il allait devoir en supporter les conséquences.

Sakuko, l'infirmier disait-il s'approcha dangereusement de Seijaku qui eut un petit recul nerveux avant de se répéter à lui même cette question. Enlever sa veste ? Si il venait de la remettre ce n'était pas pour faire joli. C'était hors de question, infirmier ou non, ces blessures étaient irrécupérables, impossible à soigner et rien que de les toucher ou même la pensée d'y toucher lui faisait mal.

-"Je m'excuse mais ce n'est pas possible... Il n'y a rien... Juste besoinde repos... Cela a toujours suffit. Du temps et du repos."

Il ne voulait pas être trop brusque dans ces parôles ni agressif et avait même essayé de garder son calme et de rester poli même si on sentait qu'il s'était retenu. Sa cicatrice était comme il le disait, sa cicatrice, son problème inrésolvable mais aussi quelque chose qui le dégoutait. Il ne pouvait, et ne voulait pas montrer une telle horreur à personne. Egoiste ? Non, juste possessif et inquiet de se que pourrait en penser les autres.

Sakuko marqua un bref temps d’incompréhension au « Makkura » inexpliqué du brun, mais il ne tarda pas à le comprendre comme le prénom du dit brun, hochant la tête pour acquiescer. ‘Faut dire, qu’il lui sorte ce prénom juste après que lui-même lui ait proposé de se désaper dans une optique tout à fait innocente ceci dit, bah ça surprenait un peu, quand même. Mais bref. Passé ce trouble psychologique à n’en pas douter tout à fait palpitant, le châtain remarqua enfin le mouvement de recul de Makkura, qui lui fit tout d’abord hausser un sourcil, et finalement hocher la tête, à la fois amusé et désabusé. Il n’avait en rien l’air d’un psychopathe qui en voulait à ses organes pour les revendre au marché noir, pourtant. Finalement, Aoi n’avait peut-être pas exagéré en parlant de paranoïa relative aux participants. Tant pis, il n’allait pas non plus le plaquer contre le mur pour pouvoir l’examiner. Non seulement il était contre ce genre de pratique, mais en plus, il serait bien incapable de le faire. Au final, ce serait l’adolescent qui le maîtriserait à sa convenance. Mauvaise idée, donc. Bien qu’il ne désirait pas la mettre en pratique.

Outre ces élucubrations, Makkura finit par lui répondre en l’envoyant poliment sur les roses, lui démontrant fermement qu’il ne se déshabillerait pas et qu’il allait très bien, hallelujah, ce genre de truc. Peu convaincu, Sakuko n’en laissa cependant rien paraître pour détailler les traits du visage de son vis-à-vis le temps d’un instant – du moins à ses yeux, en fait un silence tomba sur la petite assemblée qu’ils formaient à eux deux mais ce n’était pas si important que ça au final –, se demandant ce qui avait bien pu le conduire jusqu’ici. C’est vrai, il paraissait jeune, pas spécialement méchant (heureusement qu’il ne traînait jamais du côté des affiches rewards, hein), et, même s’il était clair qu’il s’était forcé à rester posé et diplomate devant lui, cela démontrait justement une éducation certaine. Du moins aux yeux du jeune elfe, qui finit par réprimer un soupir pour reprendre une expression sereine et rêveuse, levant sa main gauche pour serrer son pendentif dans celle-ci. Ses gestes eux-mêmes démontraient son calme et par-là même son accord de la décision du brun sans trop de susceptibilité. En même temps, il ne manquerait plus qu’il s’en montre offusquée.

« Eh bien, Makkura, au risque de te paraître impoli, j’ai un travail à effectuer, aussi, si tu le permets, vais-je tout de même te guérir sans évaluer tes blessures. » annonça-t-il, confiant, et transmettant par-là même à l’aide de son charisme purement elfique son aise à son vis-à-vis, tout en survolant le corps de ce dernier du regard. « Heal-All Light. » murmura-t-il alors sans laisser le temps à Makkura de réagir, et celui-ci se retrouva enrobé d’une légère lumière diaphane bleutée, soignant peu à peu ses blessures en lui transmettant une douce chaleur, tandis que Sakuko relâchait sa pierre précieuse pour rejeter doucement ses cheveux en arrière, à peine ennuyé. « C’est dommage, si ç’avait été bénin, j’aurais pu user un peu moins de Mana. » songea-t-il à voix haute pour lui-même, puisqu’il était évident qu’il n’aurait jamais touché l’adolescent en toute connaissance de cause. Il ne désirait pas spécialement souffrir gratuitement en revivant les pires moments de la vie de ce gosse. Et puis ce dernier semblait bien exténué pour accepter impunément de faire de même, la nostalgie en plus. Enfin, ç’aurait pu lui plaire, mais l’elfe ne préférait pas tenter l’expérience. Que Dieu l’en préserve, d’ailleurs.

Seijaku observa avec surprise Sakuko qui, sans lui demander son avis, ne le voulant apparmement pas d'ailleurs, lanca son sort de soin. La sensation était vraiment étrange, une faible chaleur se répendait dans tout son corps mais agissait différemment sur sa blessure qui se mit à lui faire un peu mal. Il serra les dents, c'était supportables mais agacant de savoir qu'effectivement les soins ne serviraient à rien. Il voulut lui dire d'arréter, que ce sort lui faisait plus de mal que de bien mais il s'arréta tout seul, se plaignant d'avoir user peut-être un peu trop de mana. Si seulement il lui avait demandé son avis ?

Il repoussa sans le toucher vraiment l'elfe, car oui, ce n'est que maintenant qu'il remarquait ces deux oreilles pointues, et lui indiqua plutôt gentimment pour son air passablement énervé.

-"Ne refais... Plus jamais ça... S'il te plait."

Ironie du sort, il avait presque plus mal qu'avant, la lumière n'était pas spécialement apréciable pour les démons et surtout pour cette cicatrice, mais Sakuko avait apparemment oublié ce petit détail. Il est vrai que ses ailes, déchirées, avaient plus l'aspect d'un morceau de tissu mal lavé qu'autre chose mais quand même. Prenant légèrement plus de distance, son bandage au cou bougea un peu, se détachant laissant voir ce petit bout chair devenue blanc prendre un motif étrange, comme une griffe, attrapant peu à peu tout ce cou qu'on pourrait bientôt casser comme un simple jouet.

Puis son esprit revînt vers l'infirmier, infirmier qui ne semblait pas s'être rendu compte non plus du dragon de l'autre ni du sien. Seijaku se demanda si il était préférable de le laisser découvrir cela par lui même ou par quelqu'un d'autre. Après tout, il n'avait rien demandé à personne et ils ne se connaissaient pas, il n'avait donc pas à s'inquiéter pour cet elfe. Et pourtant, quelque chose lui serra le coeur, comme si le laissait dans l'innoncence était un danger pour lui mais en même tant, si il le savait, le doute s'installerait et il ne verrait pas ce monde de la même manière surtout si on se mettait à se méfier de tout les hôtes. Pour le moment, c'était lui le problème, mais plus tard... Et si tout les dragons finissaient par se réveiller aussi.

Seijaku secoua la tête, s'imaginant les pires horreurs, déjà qu'il avait réussit à faire souffrir le monde entier. Chaque personne qu'il croisait souffré à cause lui. Il eut un regard triste, se demandant quelle souffrance il avait bien put faire à Sakuko. Et c'est, innocent, qu'il lui posa cette question, bien qu'indiscrète.

-"Dit-moi... Je suppose que la malédiction t'as aussi touché ? Souffres-tu ?"

Lorsque Sakuko sortit de ses pensées, Makkura tendait une main vers lui dans l’intention évidente de le repousser, et, réagissant au quart de tour, le châtain recula de lui-même d’un ou deux pas pour éviter le contact physique. Sa nature calme et dépassée face à la pratique disparaissait curieusement lorsque sa malédiction était en jeu. Chose tout à fait naturelle, en somme, bien qu’un peu frustrante pour le jeune elfe qui préférerait être tout l’un ou tout l’autre. Tout l’autre, surtout, mais ce n’était qu’un détail. Toujours était-il que le brun ne tarda pas à haleter une demande, son ton poli et posé tranchant incroyablement brusquement avec son expression relativement énervé. Pourtant, le Mage Blanc ne ressentit pas une once de culpabilité. Son boulot était de soigner les blessures des candidats avant le tournoi, et, même si cela avait fait souffrir l’adolescent – ce qui semblait avoir été le cas, Sakuko en déduisant donc avoir affaire à un démon, seul race ne supportant pas vraiment la lumière –, celui-ci le remercierait le lendemain lorsque celles-ci, refermées, ne le feront plus souffrir. La fin justifie les moyens.

« À ta convenance. » répondit-il alors simplement d’un ton aussi tranquille que son expression, et, relevant sa main gauche, le jeune elfe remit son pendentif en place avant de jeter un dernier coup d’œil à son vis-à-vis, prêt à prendre congé. Il n’avait cependant pas prévu que son regard soit attiré par le cou de ce dernier, légèrement découvert du bandage et lui dévoilant un bout de chair passablement surprenant. C’était comme si la peau avait été brûlée, mais d’une façon bien particulière, permettant ainsi de créer un motif et de donner un effet de retranchement vers le porteur. Quelque chose d’inhabituel, et de statistiquement impossible. Apposer ce genre de sceau douloureux au niveau du cou était à la fois risqué et voué à l’échec, à cause du galbe de la nuque. Serait-ce donc une blessure due à Hane ? Inclinant légèrement sa tête sur le côté, perdu dans ses réflexions, Sakuko murmura un : « C’est pas impossible.. » pour lui-même, avant de pincer légèrement les lèvres en se disant que c’était peut-être à cause de cela que Makkura paraissait si irrité. La bourde, en somme.

Mais ce dernier ne lui laissa pas le temps de s’attarder sur ce point qu’il reprit la parole, d’une manière bien moins impulsive. Décelant une teinte d’amertume, Sakuko releva des yeux tout d’abord intrigué vers l’adolescent, un quart de seconde avant d’assimiler sa question. Ses yeux perdirent alors leur habituel éclat serein pour arborer une teinte insipide, rendant le jeune elfe hermétique un instant, avant qu’il ne se reprenne pour réprimer un soupir résigné. Quoiqu’il en soit, son expression redevint tranquille et la quiétude fut le maître mot de sa tenue. « Elle m’a touché, en effet. » répondit-il en un premier temps, semblant gagner du temps avant d’avouer son maux. Pas que cela le gênait d’informer son vis-à-vis, mais il considérait de manière illusionnée qu’oublier sa malédiction et en faire abstraction l’effacerait, en quelque sorte. Et ce, même s’il faisait attention à son environnement. Malheureusement, il y avait toujours quelque chose pour la faire vous rattraper au moment où vous vous y attendez le moins. « Je ne souffre pas. Pas vraiment. Pas tant que personne ne me touche.. »

Seijaku remit une mèche de ses cheveux en place puis posa son regard vert d'eau sur la pièce, se demandant quand l'infirmier le laisserait jusqu'à ce que ces yeux se mettent à le fixer. Il le regardait lui aussi, ou du moins, regardait son cou ce qui fit reculer Seijaku un peu plus. Il y avait quelque chose qui n'allait pas ? Le démon porte sa main à l'objet d'attention du châtain pour toucher une peau nue, le bandage étant partit. Pestant contre lui même, il fuya le regard de son interlocuteur délibéremment, espérant éviter toute question. Il n'aimait pas ça.

La question qu'il lui avait posé avait eu un effet plutôt étrange sur le jeune elfe qui abordait un regard différent, plus triste peut-être, mais Seijaku regrettait d'avoir posé cette question. Il se contenta d'hocher la tête, un peu honteux puis se mit à réfléchir sur ces mots, "tant qu'on le touchait pas". Cela ressemblait un peu à sa propre malédiction qui n'opérait vraiment que quand on le touchait. Les vrais effects étant encore à découvrir.

-"Désolé... Ce n'était surement pas une question à poser... Mais... Non... Rien. Tu es ici depuis longtemps ? Je veux dire... Infirmier depuis longtemps ?"

C'était une manière subtile de changer de conversation, enfin, pas vraiment, mais au moins il s'était rattrapé, ne voulant pas finir cette conversation sur une note de tristesse.

Sakuko cilla lentement en en soutenant le regard du jeune démon, déglutissant doucement bien que de manière discrète peu après tandis que Makkura semblait vaguement gêné, désormais. Et, cette fois-ci, le jeune elfe s’en sentit vaguement coupable. Ce n’était pas la première fois qu’il pourrissait l’ambiance à cause de sa malédiction, bien qu’il n’en parlait pas spécialement souvent, m’enfin. Enfin, le brun le soulagea d’un poids en reprenant la parole pour changer de sujet après avoir hésité à embrayer, du moins était-ce l’impression qu’il donna au Mage Blanc. Celui-ci prit le temps de repousser ses cheveux en arrière, coinçant une mèche derrière son oreille pointue, avant de s’humecter les lèvres en faisant mine de réfléchir. Enfin, mine, c’était vite dit ; ce n’était pas parce qu’il avait une bonne mémoire que sa névrose des choses exactes et bien rangées diminuait. Bon. Dis comme ça, ça a un peu rien à voir, mais pourtant, c’est tout le contraire.

« Ca fait exactement.. Deux heures, seize minutes et quelque chose comme.. quarante seconde, à peu de choses près. Si ma mémoire ne me fait pas défaut, du moins, et que la position du soleil n’est pas différée par le verre. » répondit-il en détachant son regard de la fenêtre pour hausser les épaules, vaguement amusé par sa propre exactitude. « Enfin, plus sérieusement, depuis assez peu de temps. C’est exceptionnel. Juste histoire de remplir un peu la bourse avant de repartir. » se reprit-il, malicieux, avant de jeter un coup d’œil à la porte qui s’entrouvrit à un grincement suite à un courant d’air. « Enfin, Makkura, si tu as besoin de quoique ce soit, n’hésite pas à me demander, d’accord ? Comme je te l’ai dit, je suis en plein travail, actuellement, donc je dois rester disponible pour les éventuels nouveaux arrivants blessés. Bien que je doute devoir ausculter une tripotée de guerriers ce soir mais sait-on jamais.. » rajouta-t-il enfin en s'inclinant brièvement, saluant davance le jeune homme si celui-ci lui donnait congé dans la minute suivante.

Seijaku fit un petit sourire mi-amusé mi-lassé, se demandant si c'était une habitude chez l'elfe de faire des phrases un peu moqueuse. Il ne savait pas comment le prendre, soit il aimait trop parler, soit il cherchait à parler pour ne rien dire. Pas que ça l'agacait mais... Oui ça l'agacait un peu alors que cela amusait l'autre. Certe, il n'allait pas lui faire défault et fit un sourire un peu plus convainquant.
La porte grinca, attirant le regard de Sakuko. C'est vrai qu'il n'avait plus besoin de rester, il n'aurait même pas eu besoin de venir enfait. Mais intérieurement, Seijaku en était plutôt heureux, cela faisait beaucop trop de temps qu'il n'avait pas eu de contact avec autrui et dès que l'elfe partirait, son esprit solitaire reprendait le dessus. Seul, c'était ainsi qu'il était le mieux, la peur de blesser, de perdre ou de voir mourir quelqu'un de cher n'existait plus. Mais quand il y repensait, son frère. Non, la peur était revenue, encore plus forte, c'était sa famille et même si ce frère ne l'appréciait pas il ne voulait pas le perdre.

Seijaku hocha la tête, une nouvelle mine triste plaquée sur son visage pâle. Il se tourna, tatant l'oreiller même si il n'était plus sur de dormir tout de suite.
Dos à Sakuko, il lui lanca d'une voix impassible :

"D'accord mais en contre partie, je veux que tu fasses attention... Il y a quelque chose que tu ne sais apparemment pas encore et... Hum... Débrouille toi pour que ce ne soit pas n'importe qui qui te renseigne sur ceci. Ce serait idiot de mourir maintenant non ? Bref, fais comme tu le sens après tout."

Il fit un petit geste de la main et grimpa sur son lit pour atteindre la fenêtre qu'il ouvrit, faisant s'engouffrer l'air frais dans la pièce. Il se hissa dessus, laissant pendre ses pieds au dehors. La nuit était vraiment ce qu'il préférait. Ca le détendait, le faisait oublier, un peu. Seijaku remit une mèche noire en place, faisant abstration de ce qui se trouvait derrière lui, à savoir la chambre.
Ses yeux se fermèrent, oubliant tout, même la douleur du coeur et dans un dernier signe de conscience, il se mit à fredenonner une musique plutôt sombre et un brin mélancolique.

Sakuko sut à l’instant même où Makkura se mit à tâter l’oreiller que ce dernier était en accord avec sa décision de le laisser seul, d’autant plus qu’il se devait, comme il le lui avait conseillé, de se reposer. Le jeune elfe hocha donc la tête, satisfait, et esquissa un geste pour tourner les talons lorsque la voix du brun le retint, lui faisant la tête vers lui en un premier temps. Faire attention ? Mais à quoi ? Son cadet ne tarda pas à lui donner la réponse, enfin du moins autant qu’il le pouvait dans son incompréhension actuelle, le surprenant au plus haut point. Mourir maintenant ? Pour quelque chose qu’il ignore ? Le châtain ignorait à vrai dire un bon trois quart des choses de ce monde, aussi finit-il par se passer une main sur la nuque, désabusé, sans chercher à véritablement relever ou à se renseigner davantage. Oui, la ville était dangereuse ; la vie en société était dangereuse, même. Mais s’il en était arrivé là, ce n’était pas pour se faire entendre dire qu’il risquait de mourir bêtement s’il ne faisait pas attention. En un sens, il le savait déjà. On le lui avait déjà fait comprendre. Pas d’une manière aussi pacifique, néanmoins. Mais Sakuko ne pouvait qu’apprécier l’attention sur le jeune homme nourrissait à son égard, aussi s’inclina-t-il de nouveau, silencieusement, tandis que celui-ci grimpait sur son lit pour ouvrir la fenêtre.

« Je ferais de mon mieux. Merci, Makkura. » répliqua-t-il simplement en observant un instant son dos avant de tourner les talons, définitivement, pour sortir de la chambre en refermant la porte derrière lui. Un temps, et le jeune elfe s’adossa à celle-ci, soucieux. Etrange personne s’il en est. Hostile tout à la fois amical.. Sakuko resta un instant à fixer le sol, se questionnant sur le phénomène qu’il venait de rencontrer, avant d’hocher la tête en se disant qu’il verrait bien ce qu’il adviendrait plus tard, et qu’il reverrait de toute façon son cadet durant le tournoi. « Et de toute façon, je ne peux me permettre de m’attarder sur ça avec si peu d’éléments.. » murmura-t-il pour lui-même, avant d’hocher la tête et de se redresser, repartant dans la pièce de laquelle il venait, décidant de finir ce qu’il avait commencé là-bas, aussi futile fut-ce, avant de faire quoique ce soit d’autre, même intellectuellement.