Atchoum ! (une arrivée dans le froid)

Le soleil était à son zénith sur la mer glacée menant au continent Fubuki au milieu de laquelle voguait une petite embarcation. Une barque, dans un état pitoyable, se laissait guider par les flots d'eau à la limite du gel. Dans le bateau, un homme en chemise hawaïenne et à qui il manquait un bras était étendu de tout son long. Malgré les températures négatives, il dormait tranquillement en ne portant qu'un léger pantalon et une simple chemise. Il faisait fit de la morsure du froid qui avait déjà congelé sa chevelure orangée. Alors que tout évènement extérieur ne semblait pas troubler le repos du jeune homme, son embarcation l'emmenait tout droit vers sa nouvelle destination. Comme si elle agissait de son propre chef, la barque se dirigea vers une silhouette au loin. Celle-ci ressemblait à une colline faite d'amoncèlement de maison. C'était Koori, la capitale de Fubuki.

Au bout de plusieurs minutes de d'auto navigation, le petit bateau se plaça de lui même contre l'un des pontons du port. Bien sûr, l'embarcation n'étant qu'un objet, elle ne ralentit pas et elle se cogna violement contre le bord du quai. Le choc réveilla le jeune homme. Il ouvrit doucement un œil, le frottant, puis il recommença avec l'autre. Il bailla ensuite une bonne dizaine de fois avant de réaliser qu'il était arrivé dans un port. Il regarda alors autour de lui en se demandant:

*Mon vieux Nikko, je crois que tu as trop dormi. Où est ce que je me trouve?*

Il décida alors de monter sur le ponton, observant les marins finir de cuver leur rhum, les dockers continué de charger et décharger les bateaux, les commerçants commencer à négocier le prix des marchandises nouvellement arrivée. Alors qu'il avançait vers cette foule, un homme d'un certain âge s'en détacha et se dirigea vers Nikko. Il avait les traits tirés, il portait une énorme bourse à la ceinture et un livre semblable à un registre dans les mains. Il fixait le garçon avec méfiance. Etait ce dût au fait que ce dernier n'avait qu'un seul bras ? Ou bien parce qu'il était en chemise par une température négative et qu'il ne semblait pas en souffrir ? Une fois face à lui, il déclara d'un ton glacial comme le climat :

- "Bonjour cher monsieur ! Vous n'avait pas trop froid habillé comme ça ?"

Nikko salua poliment son interlocuteur, puis il fut étonné par ses dires. Il observa d'un air interrogatif les accoutrements des personnes devant lui. Tous portés des manteaux, bonnets et écharpes. C'est alors que Nikko réalisa que la température était froide, très froide. Son nez commença alors à couler et sa peau commença à devenir bleue. Il se mit à trembloter en disant :

- "Raaa, j'ai froid !!"
- "Il serait peut être temps de s'en rendre compte abruti!" lui cria le vieil homme devant le temps de réaction extrêmement lent de son interlocuteur. "Et puis faîtes ce que vous voulez tant que vous payez votre taxe d'amarrage!"

L'homme la main ouverte en direction de Nikko en lui annonçant que le montant de l'impôt était de 20 pièces. Cette somme signifié une fortune pour le garçon qui commença chercher dans sa sacoche. Il en sortit 4 pièces en expliquant que si l'homme lui laissait plus de temps, il pourrait réunir la somme en question. Cependant, le vieux refusa catégoriquement, il n'était pas une société de crédit. Dans un dernier recours Nikko regarda autour de lui est vit un homme passer à ses côtés. Il l'attrapa par la manche, le présenta au vieil homme et dit :

- "J'ai une idée ! Cet homme paie la taxe pour moi et je m'engage à le rembourser devant vous comme témoin !"

Il se tourna ensuite vers la personne qu'il avait "réquisitionner" en lui demandant :

- "Désolé de vous imposer ça mais, est ce que vous accepteriez de payer cette taxe pour moi ? Je vous rembourserai, je vous le promets !"

Monsieur Cub n'est pas homme à s'affoler. En effet en 10 ans de bons et presque loyaux services à bord de Red Jack, il en a vu des vertes et des pas mûrs, des situations extrêmes comme totalement loufoques voir relativement désespérés. Aussi lorsqu'il se mit a courir, en boitilllant certes, sa jambe de bois le génant quelques peu pour l'exercice, et qu'il entra en grand fracas dans la cabine du capitaine il espérait avoir l'attention de l'assemblée aussi réduite soit elle.

- ON DERIVE CAPITAINE!!!

Shin tendit un main ouverte devant le vieille homme aux grosses lunettes et la respiration alarmée en signe de silence et de patience. Concentré sur les cartes qu'il tenait en main Shin refusait de quitter des yeux son adversaire imperturbable. Lone Wolf, un colosse muet aux allures d'indien, fixant son jeu avec des yeux d'un vert profond, les cheveux longs et noirs tirés en arrières lui donnant un air terriblement sérieux et solennel. Shin esquissa un sourire en observant son jeu qu'il déposa sur la table violemment en faisant tomber quelques pièces d'argent sur le sol de la cabine. Un brelan d'as! Il se tourna alors vers Cub qui les observait l'air défait depuis qu'il était entré.

- Monsieur Cub voyez vous je crois pouvoir dire que le fait que nous soyons perdu au milieu de l'océan et que le reste de l'équipage se soit enfuis avec l'or et nos cartes de navigation me permet de relativiser le fait que nous dérivons...

- Mais nous dérivons DROIT VERS UN PORT BOSS!!

L'indien posa sa quinte flush et récupéra ses gains.

***

Le navire fillait à vive allure vers le port, en fait droit dessus pour être totalement exact. Shin et ses deux uniques hommes d'équipages extremement occupé a tenter de remplacer la vingtaine nécessaire aux maniements correct du navire. Le jeune homme, cordage entre les dents accrochés au gouvernail, tentait de convaincre un vent récalcitrant de changer de direction. Les voiles se gonflèrent enfin ralentissant le navire qui partie de proue en poupe pour venir taper tout doucement contre le rebord de pierre du ponton, dans ce que l'on aurait pu, s'il ne s'agissait pas d'un navire, qualifier de dérapage plus ou moins controlé. Cub s'effondra sur le basingage le souffle court pendant que Shin descendait du navire d'un bond souple pour rejoindre les marins du ponton médusés. Lone Wolf ramassa Cub le posant en silence sur son épaule.

***

Shin ne jeta qu'un regard distrait à la scène qui se déroulait près de lui, toutes ses pensées étant tournées vers deux choses, son nouvel échec au poker face à Lone Wolf, chose extrêmement contrariante, et au moyen de se procurer de l'or et un nouvel équipage. Aussi fut il assez surpris d'être entrainé soudain face à un vieil homme rabougris et très contrarié pour ainsi dire qui se mit a lui crier dessus.

- VOUS DEVEZ VOUS AUSSI PAYEZ LA TAXE D'APONTAGE! ET SI VOUS PAYEZ AUSSI CELLE DE CE JEUNE HOMME CA FERA 40 PIECES!!

Shin resta figé un instant regardant tour à tour le vieil homme, le jeune pirate fauché et Lone Wolf qui secouait Cub pour essayer de le réveiller.

- Mais vous êtes qui vous?... Vous êtes vieux, rabougri et vous criez fort, certes, mais qui êtes vous?

Le vieil homme ravala avec difficulté sa salive et toussota. Ouvrant son livre il le posa juste devant le nez de Shin désignant des séries de chiffres avant de reprendre.

- Je suis le chargé de taxe du port et vous devez 40 pièces pour rester dans NOTRE port!

Repoussant du bout des doigts l'ouvrage, Shin dévisagea en silence son interlocuteur s'arrêtant sur la bourse remplie de celui ci. Il lui sourit de toutes ses dents et tendit ensuite vers son ancien propriétaire le petit sac de pièce sonnante et trébuchante.

- Gardez tout c'est mon jour de bonté.

Lone Wolf s'empara du jeune homme le tirant par le cou pendant que le groupe forçant l'allure se mélait à la foule des marins. Shin soupesa la bourse récupérée à nouveau au vieil homme, esquissant un sourire en sortant une des pièces d'argent de la bourse pour la faire tourner dans les airs.

- Tu me dois 20 pièces toi et je ne compte pas évidemment les interets portés sur cette somme par le service que je te rends... Ah. ET qui diable es tu?

Shin jeta la bourse derrière son épaule sans prendre le temps de la refermer obligeant Cub a se jeter lui aussi sur le sol pour récupérer les pièces d'argent, avant d'être englouti par une foule de personnes désireuses de cette mane soudaine.

- Monsieur Cub veiller a nos intérets s'il vous plait. «se tournant ensuite vers le jeune homme» Et bien enchanté monsieur Hittsuheunikko, d'ailleurs un nom plutot louche en la demeure, je vous appelerez Nikko et vous pourrez m'appeler Lone Wolf. Le mastodonte qui s'affaire à jeter les gens ne porte pas de nom «il jeta un regard au vrai Lone Wolf qui grogna» et le vieillard sénile et grincheux qui récupère mon bien se nomme monsieur Cub bien que se ne fut certainement pas son vrai nom. Personne ne s'appelle Cub.

Il haussa les épaules vainement en pensant aux intérets susmentionnées par Nikko sur lesquels ils pouvaient proprement s'asseoir en se disant que les gens n'ont vraiment plus de gratitude. Il se baissa esquivant un jet de marin (lui aussi assez surpris d'être projeté dans les airs par un grand indien). Baissant la tête vers le sol il remarqua enfin la présence significative de neige et regarda autours de lui l'air interloqué.

- Il fait plutot froid ici non? Brrrr. Dès que mes encombrants amis «nouveau regard à Lone Wolf qui grogna a nouveau en secouant un marin s'accrochant aux pièces d'argent» auront récupéré mon bien je te propose d'aller redistribuer cette somme en beuverie vaine et en frugale collation dans la plus proche taverne. Mais je dois personnellement procéder à quelques mises aux points avec les autorités judiciaires du présent port et je vous retrouverai ensuite...

***

Il n'avait certes pas attendu la réponse du jeune homme mais n'avait vraiment pas le temps de s'étendre d'avantage en discussion et parcouru la ville au pas de course cherchant un lieu bien précis. Les maisons blanches et les ruelles étroites se succédèrent devant les yeux de Shin qui fini par trouver son «bonheur». C'était là une vieille habitude qui lui avait valu, outre des ennuies, parfois un repos salvateur. Aussi traversa t il une foule de chasseur de prime pour venir se planter devant un mur couvert d'avis de recherche.

- Hum... Très mal dessiné tout ça.

D'un geste vif il arracha quatres affiches (et en profita pour recoller le coin d'une cinquième qui pendait) et se retourna. La foule des chasseurs de prime avaient tous dégainer leurs armes et le fixait avec le même étonnement qui se lisait dans les yeux de Shin.

- Vous avouerez que c'était extremement mal dessiné!...

Une vibration fit éclater le verre d'une vitre et un son strident se fit entendre. Shin courrait essayant de trouver la taverne, pas vraiment fuyant la foule de chasseur de prime mais écoutant l'appel de son gosier sec...

Nikko écouta avec attention la présentation du jeune homme. Alors comme ça il s'appelait Lone Wolf, ce nom lui allait bien. Par contre, il fut plus perplexe quant au nom des compères de ce Lone Wolf. Il avait même gobé que le petit vieux qui servait de souffre -douleur à la foule qui les entouraient ne s'appelait pas Cub. Il fixa ensuite l'indien qui dégageait le passage à sa façon. C'était à ce moment que le doute l'envahit. En effet, Nikko pensait qu'un indien a toujours un surnom qu'il soit ridicule ou non. Un indien sans nom ou surnom cela n'était pas crédible pour le jeune homme. Il soupira, après tout il s'en fichait si le groupe était rechercher car lui aussi. Il se tourna vers le chef du groupe et dit en souriant :

-Je suis enchanté Lone Wolf, monsieur pas Cub et monsieur "Armoire à Glace".

Sur ces paroles, l'indien nouvellement baptisé jeta un regard assassin à Nikko. Ce dernier préféra l'éviter en écoutant le faux Lone Wolf parler. Lorsqu'il entendit le mot collation, son estomac se manifesta en se tordant dans tous les sens. Son cerveau ne tarda pas à rejoindre l'autre organe en projetant des images parfumées de tous les plats que Nikko avait déjà mangé depuis sa naissance.

Alors que le jeune homme alla "régler quelques affaires", Nikko se retrouva seul avec le vieillard et le mastodonte. Il tenta de lancer une conversation avec eux, mais devant le mutisme et les regards méfiants de ses interlocuteurs, il préféra se taire. Ils marchèrent à travers les rues emplies de monde. Au bout d'une bonne vingtaine de marins balancer d'un coin à l'autre de l'avenue, les passants préfèrent s'éloigner du groupe et surtout de l'indien. Au bout de quelques minutes de déambulations, ils arrivèrent enfin devant une petite taverne délabrée. Elle semblait peu fréquentée et chauffée par un énorme feu de bois visible depuis les fenêtres. Tandis que Nikko s'apprêta à renter, il fut interpelé par un bruit venant d'une ruelle voisine. Il jeta un coup d'œil et vit un homme encapuchonnait qui lui fit signe de venir le voir. Suivant son instinct, Nikko s'excusa auprès des deux muets, leur assurant qu'il n'en avait pas pour longtemps, puis il se rendit dans la ruelle.
Une fois enfoncé dans cette place sombre et insalubre, Nikko attendit que l'homme enlève sa capuche. Ce que celui-ci ne tarda à faire, découvrant aux yeux du manchot, un homme brun avec un bandeau rouge sur l'œil gauche. Nikko le reconnu tout de suite, c'était l'un de ses frère d'armes du dojo Hitsujino. Il lui dit alors en souriant :

-Keiji ! Qu'est ce que tu fais là ?
-Salut Nikko, chuchota l'autre, je n'ai pas le temps de t'expliquer, mais peux-tu faire un truc pour moi ?

L'intéressé acquiesça d'un geste. L'autre homme sortit alors une petite boite de sous sa tunique et il la tendit à Nikko avec précaution. Il remit sa capuche et déclara ensuite :

-Donne cette boîte au maître quand tu le verras, et surtout ne l'ouvre pas.
-Compte sur moi, mais que vas-tu faire ?
-Pour ta sécurité, il faudrait mieux que tu ne sache rien. Bonne chance mon pote.

Sur ces mots, l'homme quitta discrètement la ruelle. Pendant ce temps, Nikko rangea précieusement la boîte dans sa sacoche. Il se dirigea vers la taverne et y entra pour aller enfin manger avec les deux amis de Shin.

Shin tourna à l'angle d'une rue esquivant de peu un groupe de marchant qui le regardèrent s'envoler au dessus d'eux d'un bond avant de filer comme une flêche dans la taverne dont le nom était évocateur, si ce n'est de beuverie, au moins d'ennuis.

La porte à battant claqua dans le silence lourd de l'établissement faisant sursauter une serveuse aux mains prises par un plateau d'argent sur lequel reposait des verres de rhumes et autres alcool distillé par les soins du tavernier himself. Un des verres chancelât un instant et fit mine de vouloir rejoindre le sol crasseux. Shin se précipita, le rattrapa, lâchant au passage une des quatre affiches de mise à prix qui traversa la salle avant d'atterrir, grande ouverte, sur la table d'un groupe de mercenaire lourdement armé, les mercenaires étant toujours lourdement armés, monsieur Cub s'accordant même a penser que c'est de naissance, renversant leurs collations dans un brouhaha de verre brisé. Shin tiqua un bref moment et fila vers la table où siégeait ses compagnons de plus ou moins bonnes fortunes et avala son verre d'un trait avant de se pencher vers Nikko en le fixant l'air très sincèrement peiné.

- Mon ami je crois avec grand regret et très sincèrement que tu es dans une situation des plus embarrassa...

- SAKUTO SHIN!!!!!!!!

La voix avait raisonnée dans l'établissement en même temps que le son de toutes les armes dégainées, défouraillées, dé-tout-ce-que-vous-voulez. Shin lui s'était figé le regard un peu vide, un doute le rongeant soudain comme une sourie un morceau d'emmental.

- Hum... Vous m'excusez un instant.

Il dévelloppa à la hate les trois avis de recherche devant son nez et les replia aussitot un air contrarié et légèrement perplexe sur le visage.

- Oups.

Une fois entrée dans la taverne pour le moins mal famée. Nikko marcha tranquillement vers la table où s'étaient assis monsieur pas Cub et monsieur Armoire à Glace. Ces derniers avaient déjà ce qui semblait être, à la couleur du liquide, des chopes de bières, ainsi que quelques morceaux de charcuteries issue de l'artisanat local. Quand le manchot s'assit, il se jeta littéralement sur la nourriture que les deux autres, toujours aussi bavards, n'osaient pas toucher. Le goût du jambon exalta ses papilles gustatives, même s'il pouvait aussi sentir un léger goût de renfermé et de moisissure. Devant les yeux exorbiter du vieux, il avala le plat en quelques minutes, s'attaquant ensuite à sa chope de bière très spéciale, de la bière plate.

Quand son verre fut terminé, Nikko vit Lone Wolf entrer à toute vitesse dans l'auberge avec des papiers à la main. Papiers qu'il fit tomber sur une table de mercenaires plutôt bientôt bien armés en voulant sauver un verre. Il se dépêcha ensuite de venir boire son verre et de parler à Nikko d'un situation embarrassante. C'est alors que les mercenaires précédemment cités crièrent qui fit se retourner Lone Wolf, ou Shin plutôt. Il déroula ses rouleaux de papiers qu'il avait dans les mains. Pendant ce temps, le manchot se leva et regarda par dessus l'épaule du jeune homme et vit des avis de recherches, ceux du vieux et de l'indien qui s'appelait Lone Wolf. Puis il apperçut sa prime, décidément les types de Futago en avait mise partout. Nikko arracha sa feuille des mains de Shin en disant :

-Bon ben je crois qu'il est temps d'honorer ma dette monsieur Sakuto. Vous et vos potes, barrez-vous d'ici, je vous couvre!

Sur ces mots, il jeta son avis de recherche sur le sol, juste devant le groupe de mercenaires qui arrivait. Alors que ceux-ci lisaient la fiche, le manchot enleva sa chemise hawaïenne, la plia, la rangea dans sa sacoche et en sortit une autre. C'était sa chemise hawaïenne de combat rouge. Tandis qu'il l'enfila, il provoqua les hommes armés :

-Alors bande de mauviettes, on ose pas défier un guerrier de l'école Hitsujino !
-Si tu crois nous faire peur sale manchot ! Pour la peine on va commencer par te dérouiller toi !
-J'en n'attendais pas moins d'une bande de lavettes comme vous.

Sur ces paroles, une armoire à glace chargea Nikko. Il portait d'épaisse lunettes et brandissait une massue toute aussi épaisse. Dans un calme olympien, le jeune homme à la chevelure orangée attrapa le manche de son sabre vert, le Shodai Yagitetsu. Il le dégaina ensuite d'un geste ample et rapide, arrêtant l'attaque de son adversaire et tranchant du même coup sa massue et ses lunettes. Alors que le mercenaire semblait complètement désorienté et aveugle, Nikko lui donna un coup de pied dans le menton ce qui le fit tomber à quelques pas de ses camarades. Une fois le premier homme assommé, le manchot pointa les autres avec son katana et jeta un coup d'œil derrière lui, pour voir si Shin était toujours là.

La situation commençait à violemment dégénérer. Shin songea brièvement que ce n'était pas de chance d'être tombé sur le tripot le plus fréquenté par les chasseurs de prime de la ville. Ensuite il ne pensa plus rien et se contenta claquer dans ses doigts pour appeller la serveuse.

Lone Wolf sentit la canon d'un mercenaire pointer contre sa tête, canon au bout duquel se trouvait un mercenaire hilare d'avoir capturer l'ex grand défenseur des terres sacrés du clan de Fuchuku devenu pirate et accolyte de Shin «Red Jack Five» Sakuto. Il rit nettement moins quand il prit conscience que sa tête faisait très exactement le diamètre de la paume de Lone Wolf. L'homme fit un vol plané mémorable à travers la salle et atterit lourdement contre le mur de la taverne qui sembla souffrir de l'impact. Le géant sourit au jeune homme à l'épée en lui faisant un signe de tête approbateur avant de se jeter dans la masse des chasseurs de prime. Shin pendant ce temps... commandait.

- ... ah et il me semble avoir entendu parler d'un met de cette région surnommé l'aiguillon gelé d'espadon vous en avez? Hum?... excusez moi un instant.

Un gigantesque mercenaire armée d'une lame aussi grande que lui et à la dentition déficiente s'était approcher du pirate confortablement installé et en pleine discussion avec la très charmante serveuse de l'établissement. Le sabre dantesque s'abatit sur la chaise de Shin la coupant en deux et renversant la table. Le canon d'un cutter-gun se retrouva pointé sur le nez de l'impudent, Shin quand à lui, accroupi en équilibre sur le dos de la lame du mercenaire, le fixait d'un regard contrarié. Le bruit sourd du percuteur fut la dernière musique de la vie du chasseur de prime.

- ... et une nouvelle table s'il vous plait.

Shin fut très surpris par l'invective du jeune homme et regarda un instant le gobelet cabossé se demandant sa valeur à la revente et s'en désinterressa aussitôt. Il se mit alors debout sur la table observant le combat pour y trouver un rôle éminemment utile, bien que lui même n'ait pas réellement envie de se battre dans l'immédiat.

- Mais vous vous en sortez très bien! «il s'accroupit sur la table en buvant un verre et conclut en haussant les épaules que l'aide demandée était sans doute un soutien psychologique».

Une main énorme et visiblement en désaccord avec la conclusion du pirate s'abattit sur lui, ou plutot sur la table. Le chasseur de prime chercha un bref instant son adversaire avant de sentir quelque chose pousser son menton prognathe vers le haut très lentement.

- Hum.

Interressons nous au coutume indienne du clan Fuchuku pour mieux comprendre ce qui va suivre, et plus précisemment à la technique de combat qui consista pendant longtemp à écraser d'un geste brutal les têtes des adversaires contre des arbres innocents. Nombreux sont ceux qui pensent que la disparition dudit clan est due au refut d'abandonner cette délicieuse tradition après leurs décisions de vivre dans des maisons en dur. Chose absurde selon Lone Wolf qui se consacrait à perpétuer cette tradition avec zèle et ce malgré le désaccord audible des murs de l'établissement.
Un flot de poussière se déversa sur l'épaule de Shin qui leva les yeux brièvement au plafond qui craqua aussitot. Shin pensa tout d'abord que décidément il était irrésistible, puis se ravisant se leva d'un bond et cria.

- Timber!

***

Une masse de poussière se souleva dans le quartier pauvre de la ville de Koori. Les six survivants de la taverne fixait les bras balants l'édifice écroulé. Shin les bras chargés, d'un coté par la serveuse et de l'autre par la caisse de l'établissement se pencha doucement vers Lone Wolf qui rajoutait une croix sur un de ses tomahawks.

- Une idée somme toute extremement lucrative vient de me passer par la tête. Au prochain hold up de banque nous crierons: Haut les mains ou nous détruisons le batiment. Il me semble judicieux d'exploiter ton talent indéniable.

Il lacha ensuite un de ses bagages, celui qui poussa un «houmpf» en aterrissant sur le sol, et se tourna vers l'unique mercenaire survivant qui observait la scène l'air ahurit en tapotant une moitié de table sur son épaule. Shin tapota lui son autre épaule mais avec le canon de son Cutter-Gun.

- Vous avez le pied marin?

Shin resta médusé. Nikko venait d'assommer devant lui son tout premier matelot potentiel. Celui ci s'approcha ensuite de lui et s'empara de quelques monnaies dans la caisse de l'établissement en ruine pour les offrir à la serveuse. Shin regarda encore son matelot à terre et fusilla brièvement le jeune homme du regard. Il soupesa ensuite le poids d'argent qu'il tenait sous le bras et constatant le très faible bénéfice journalier de la taverne qui n'était plus balança, bon gré mal gré, la caisse derrière lui. Assez mal gré toutefois pour le pied de monsieur Cub sur lequel la ferraille susmentionnée avait lourdement atterris.

- Allons monsieur Cub ce n'est pas vraiment le moment de danser, surtout très mal. Venez plutôt m'aider à relever notre bon ami sans nom et pourtant première recrue de notre navire!

Le son du martelant bruit de pas de la garde de la cité se fit entendre et de longues lances d'acier apparurent derrière la foule des badaud qui s'était amassée devant les six individus poussiéreux et les restes de la taverne. Lone Wolf saisit monsieur Cub qui sautillait toujours en râlant et vociférant des mots que la morale et la censure m'interdisent de retranscrire ici et arracha du sol Shin qui traînait tant bien que mal l'énorme masse du chasseur de prime inconscient.

***

La course s'acheva dans une ruelle sombre de la vielle ville entouré par des cageots et de vieux vêtements salles. Shin observait un point indéterminé à l'autre bout de la ruelle les bras solidement posé sur ses hanches. Lone Wolf regardait silencieusement la scène en époussetant sa lourde veste sans manches aux frises bariolées et arrangeant ses cheveux. Cub lui se contentait de maudire l'univers tout entier en pestant particulièrement contre une personne mal identifiée mais qui selon lui était responsable de tout, en commençant par la perte de son unique chaussure. Shin se tourna enfin, étudiant longuement Nikko. Après quelques minutes de réflexion, il frotta la base de son nez, le pinçant entre son index et son pouce en fronçant les sourcils. Il lui semblait que contre toute ses attentes, il avait affaire à un type de personnage, somme toute assez étrange car plein de valeurs et la plupart du temps désinterressé, un héros. Le pirate s'approcha alors très souriant.

- Dis moi mon ami, vois tu cette somptueuse demeure posée sur la colline? «il tourna la tête du jeune homme qui ne semblait pas s'intéresser à ce qu'il racontait et avant que celui ci ne réponde quoi que ce soit, enchaîna» Oui? C'est très bien tu n'as jamais pensé à être vigie? «Shin fronça les sourcils se rendant compte qu'il s'éloignait tout seul de son sujet» Elle contraste avec la triste pauvreté de ce bas quartier n'est ce pas? Il s'agit de la maison du seigneur de la ville, sans nul doute un vil et gras personnage pillant sans vergogne ni mesure les ressources des pauvres gens... Tu vois où je veux en venir n'est ce pas?

Il jeta un regard noir à Lone Wolf qui soupirait et s'interressa à nouveau à la demeure qui semblait avaler la lumière du soleil couchant pour la recracher en un halo blanc sur ses hauts murs resplendissants.

Il se tourna brièvement vers la demeure qui surplombait la colline évaluant la richesse du lieu et regarda a nouveau Nikko l'air assez intrigué. Shin s'interrogeait sur ce que le jeune homme pouvait bien vouloir acheter avec une somme pareille. Il énuméra brièvement les possibilités aux nombres de trois. Commander un demi-million de plat de nouilles, deux cents milles chemises hawaïennes ou... Il frotta un instant ses yeux.

- Tu veux ouvrir un quartier des plaisirs pour toi tout seul c'est ça? Mais t'es un pervers? «Shin toussota brièvement» hum. Bon enfin soit, disons 65% pour toi, 25% pour le peuple et 10% pour mon équipage que je recruterai parmi eux. Ca me parait excessivement honnête non?

Le pirate se tourna à nouveau vers la demeure, tout sourire en pensant que décidément il était génial.

***

Le soleil n'était pas encore couché quand le groupe s'approcha de la forteresse blanche aux hauts murs de pierre de kerrith reflétant une lumière ocre sur la cité. Shin rassura Nikko quand à la bonne démarche de son plan qui consistait à entrer dans la place forte non pas de nuit mais le soleil levé et par la grande porte. Empruntant le lourd pont de bois qui fermait la demeure après le coucher du soleil, le pirate fit signe au jeune homme et à Lone Wolf d'attendre à bonne distance, se rapprochant lui et monsieur Cub du corps de garde. Les deux hommes s'arrêtèrent quelques secondes rajustant leurs capuches sur leurs têtes, shin pointa alors du doigt ses deux compagnons et hurla.

- OH MON DIEU C'EST LE TERRIBLE HITSUJINO NIKKO ET SON COMPLICE QUI ATTAQUE LA FORTERESSE!

L'effet fut immédiat, la demeure se vidant instantanément de tout le corps de garde, c'est à dire beaucoup de monde, ne prêtant absolument pas attention aux deux ombres qui filaient par une petite porte donnant sur les remparts maintenant vide. Lone Wolf soupira en haussant les épaules en voyant le regard assassin de Nikko se poser sur lui. Un flot d'armure fonçait maintenant droit sur eux. Cette fois Lone Wolf essaierai de ne pas tuer trop de monde...

***

- Oui je sais, je sais, certes, mais d'abord, premio, ils vont très bien s'en sortir, deuxio, il faut bien qu'il les mérite ses 60% et troisio quand il verra tout l'or que je ramènerai pour construire son bordel géant il sera beaucoup plus compréhensif. Vous vous faites beaucoup trop de souci monsieur Cub.

- C'était pas 65% boss?

Shin poussa la porte de la demeure royalement vide et soupira. Il ne comprenait pas où bon sang toutes les richesses de cette forteresse étaient entassées...

Les couloir et les salles vides se succédaient dans une course folle. Les deux pirates s'arrêtèrent un bref moment reprenant leur souffle. Shin pestait intérieurement faisant échos à monsieur Cub qui se prêtait au même exercice très extérieurement. Tout les salles étaient vides, certaines ne comprenant même plus de meuble. Restait la tapisserie mais il était difficilement envisageable de la revendre. Par moment des bruits de combat intense qui se déroulait à l'entrée de la forteresse leurs parvenait. Shin pensa quelques secondes à ses courageux amis volontaires pour retenir l'armée de garde afin leur libérer le passage, le tout peut être pour rien. Le pirate tiqua. Pour rien?

***

A travers l'embrasure d'une porte légèrement entrouverte ou pouvait deviner la silouhette d'une jeune femme à la chevelure d'or et au port de reine. Si Cub ne s'arrêta pas devant la porte, sans doute priant pour que son capitaine passe devant sans la voir, Shin lui se figea net.

- Monsieur Cub. Plan numéro 4 s'il vous plait.

- Pitié boss pas le numéro 4...

Si le plan numéro 4 est certes un des pires jamais conçu dans l'histoire de la filouterie, il ne surpasse certainement pas le numéro 7 qui lui est bien trop complexe et sadique pour être appliquer sauf si évidemment vous êtes quatre et que parmis vous ce trouve un homme chauve avec des grands pieds. En l'occurence le numéro 4 était somme tout indiqué malgré la tentative vaine de monsieur Cub de se cacher derrière une colonne.

***

La jeune femme tourna la tête, sursautant en voyant un vieil homme masqué d'un loup de brigand traverser la porte...

- Ahah! Vil coquin tu pensais pouvoir dérob... oh oh.

... puis la fenêtre.

***

Shin regarda son second d'un oeil noir les bras croisés tapant nerveusement du pied sur le tapis de la chambre.

- Monsieur Cub vous venez de ruiner l'execution correct du plan numéro 4. Je ne suis certes pas vous mais je sais que vous mourrez de honte et de confusion. Sachez, si celà peut toutefois vous réconforter, qu'une somme indéterminée sera retenue sur votre paie.

Monsieur Cub assit la main crispé sur sa poitrine le regard un peu affolé d'avoir faillit mourir une nouvelle fois, la douxième fois ce mois ci et nous sommes le 16, balbutia.

- Mon salaire est déjà indéterminé boss.

Shin toussota et se tourna vers la jeune femme qui regardait les deux hommes d'un air très las. Elle rajusta son corsage et sa coiffure, les fixant d'un air très digne.

- Si vous êtes venues piller vous êtes en retard messieurs. Vous n'êtes pas les premiers... Je dois être la dernière choses de valeur ici.

Monsieur Cub lança un regard paniqué a la jeune femme avant de le poser sur Shin tout sourire qui se frottait les mains. Cub lui se contenta d'un soupir de résignation.

***

Il manquait quelque chose. Shin courrait dans la demeure suivit de monsieur Cub portant la jeune femme sur son dos le tout dans un silence uniquement troublé par le brouhaha lointain du combat faisant rage dehors. Le pirate se planta soudain devant son second.

- Madame! Faîtes un effort s'il vous plaît. C'est très déconcertant pour nous, comprenez vous?. Vous ne faîtes pas une fugue, vous vous faîtes enlever. Mettez y un peu du votre que diable!

La jeune femme acquiesça, s'excusa, confuse et se mit a hurler. Pendant une seconde Shin tiqua sur la nécessité absolue de son intervention.

***

Le groupe courrait à travers les ruelles de la ville plongée dans les ombres d'une nuit sans lune. Des gardes passèrent devant la ruelle où le groupe silencieux s'était terré. Shin tapota le bras de Lone Wolf amicalement et se tourna souriant vers Nikko qui le fixait avec comme une lueur d'envie de meurtre dans les yeux.

- Je vois tu m'en veux un peu. Hum. «il s'approcha de la jeune femme qui descendait en silence du vieillard essouflé». Mais regarde j'ai un otage! «Constatant que l'envie de meurtre de Nikko s'était muée en une envie d'équarrissage sanguinolent, le pirate toussota et ajouta» Ce n'est aucunement la faute de monsieur Cub tu sais! Des pirates de Jigoku sans fois ni lois, donc très différent de nous, ont pillé la demeure avant nous. Ils terrorisent les citées portuaires, pillent, massacrent et s'en prennent aux cultures de choux. Oui, des monstres. Nous devons les empecher de nuir pour le bien, la loi, l'ordre, et l'or!

Certes Shin avait quelque peu accentué les données en sa possession. Les pirates venait bien de Jigoku et avaient bel et bien pillé le chateau et dérober des stocks de choux. Mais sans doute se prêtaient ils aux autres activités susmentionnées. Après tout ils s'en étaient bien pris aux choux.

==========> mer de Jigoku